Parvenir à cette "compétitivité" optimale signifie en clair: faire baisser le "coût du travail" pour les entreprises, et leur imposer le moins possible de contraintes et de charges.
D'où l'élargissement à marche forcée vers des pays pratiquant le dumping social et fiscal pour tirer vers le bas les salaires, le droit du travail, et la fiscalité des entreprises.
C'est cette même logique qui a inspiré la directive Bolkestein et le projet de Constitution Européenne. Le dispositif vient d'être complété avec une nouvelle directive sur le temps de travail qui va ramener les salariés plus d'un siècle en arrière.
Actuellement, la durée maximale de travail fixée par l'Union Européenne est de 48 heures par semaine, ces 48 heures étant une moyenne sur les 4 derniers mois, ce qui offre déjà une "flexibilité" à l'employeur. Le projet de la commission est de rendre le salarié encore plus "flexible" en autorisant 65 heures de travail par semaine sur une période de référence de 1 an au lieu de 4 mois. La seule obligation pour l'entreprise est d'obtenir l'accord individuel des salariés. Cette procédure est connue sous le nom "d'opt-out individuel". La Commission prévoit que l'accord ne sera valable qu'un an, mais... il pourra être renouvelé chaque année, toujours avec l'accord des salariés. Or cet accord n'aura aucun mal à être obtenu en utilisant le chantage au licenciement et à la délocalisation. Si cette directive est adoptée, le salarié sera donc soumis à une flexibilité totale. Sa vie se réduira à celle d'un esclave corvéable à merci, avec des conditions de travail incompatible avec la vie personnelle, familiale, amicale, ou sociale.
De plus, la directive "temps de travail" prévoit aussi de distinguer le temps de travail "actif" du temps de présence sans travail (ou "temps de garde"), ce dernier n'étant plus pris en compte dans le temps de travail maximum.
Cette
directive est en parfait accord avec le projet de
Constitution Européenne:
- "L'Union
et les États membres veillent à ce que les
conditions nécessaires à la
compétitivité de l'industrie soient
assurées et son action vise à encourager un
environnement favorable à l'initiative et au
développement des entreprises (...)
Elle évite d'imposer des contraintes administratives,
financières ou juridiques telles qu'elles
contrarieraient la création de PME." (article
III-279)
- "L'Union
"recherche la flexibilité de la main d'oeuvre et du
marché du travail" (article III-203)
- "L'Union
et les États membres veillent à ce que les
conditions nécessaires à la
compétitivité de l'industrie de l'Union soient
assurées." (article III-279).
Projet européen pour un nouvel esclavage
Avec l'élargissement à marche forcée vers des pays à bas salaires, une Constitution conçue comme une camisole de force libérale, la privatisation des services publics, la directive Bolkestein, et la directive sur le temps de travail, l'Europe voulue par ses dirigeants actuels apparait de plus en plus clairement.
Au programme: une course sans fin vers des salaires toujours plus bas, une durée du travail toujours plus longue, des salariés toujours plus "flexibles", une "insécurité sociale" croissante avec des emplois précaires et des "salariés jettables", des vacances plus courtes, la suppression du SMIC, la réduction des allocations-chômage, la privatisation des services publics afin d'offir de nouvelles sources de profit aux entreprises, le remplacement des systèmes de retraites et de santé publics par des assurances privées et des fonds de pension, et la suppression progressives des charges et des impôts pour les entreprises...
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