stratégies planétaires

 

Violente répression contre les manifestations anti-mondialisation
(communiqué des associations canadiennes CLAC et CASA)

En Avril 2001 à Québec, le "Sommet des Amériques" était consacré à la signature du FTAA, un accord économique qui renforce le pouvoir des multinationales au détriment des états et des citoyens.
Les manifestations anti-mondialisation qui ont eu lieu pendant le Sommet ont fait l'objet d'une répression incroyablement violente. Des manifestants ont été mutilés à vie par des grenades ou les balles en caoutchouc tirées sciemment à faible distance par les policiers, au mépris des règles légales prévues pour l'utilisation de ces armes.

Tout cela en dit long sur le caractère "démocratique" de la mondialisation.


Policiers anti-émeutes pendant le "Sommet des Amériques", à Québec en Avril 2001
(images: Attac)

Durant les mois de préparation et de mobilisation en vue du Sommet des Amériques, les groupes organisant la résistance ont été victime d'intimidation sérieuse de la part des autorités, dans le cadre d'une "guerre de basse intensité" menée contre le mouvement. La répression politique sévit même dans un pays comme le Canada, qui ne cesse pourtant de vanter sa démocratie. Les groupes ont tous été infiltrés par des agents doubles. Des agents du SCRS - Service Canadien de Renseignement et de Sécurité - ont effectué des visites chez les militants, afin de les intimider. Des gens ont été suivis par des patrouilles en civil. Le gouvernement a réellement tenté de créer un climat de peur, forte répression psychologique. Tout ceci aurait pour effet de décourager l'organisation de manifestations contre le Sommet. Le tout étant accompagné d'une campagne de terreur dans les grands médias sur les effectifs policiers, les mesures de sécurité déployées pendant le Sommet, ainsi que sur la violence des manifestants, afin de faire peur à la population et limiter le nombre de citoyens qui se rendraient à Québec.

Par ailleurs, pendant le Sommet des Amériques, de nombreuses violations des droits humains ont eût lieu, dont la violation de la liberté d'expression et celle de manifestation ; tout ceci au travers d'une forme de répression mettant en danger la vie de nombreux citoyens de la ville de Québec ainsi que celle de tous les manifestants présents. La police a utilisé une quantité incroyable de gaz lacrymogène (plus de 3000 cartouches en 2 jours) et a tiré des balles de plastique de façon systématique alors que l'utilisation de celles-ci devait être limitée aux cas de menace grave à la sécurité des policiers ou du public. Alors que les balles de plastique sont interdites en Europe parce qu'elles peuvent causer la mort, la SQ et la GRC en ont tiré environ 800 en 2 jours selon les chiffres officiels. De plus, les gaz lacrymogènes étaient souvent tirés à bout portant alors qu'ils doivent être lancés dans les airs. Les balles de plastique furent souvent dirigées au visage, alors qu'elles doivent être tirées uniquement en bas de la ceinture. Ceci a causé la perte de la voix à un manifestant atteint par une balle à la trachée, et la perte partielle de la vue à un citoyen de Québec atteint à un oeil.

Il faut également souligner que les arrestations ont été effectuées de manière totalement arbitraire dans la plupart des cas. La méthode de l'enlèvement s'est révélée être largement utilisée par les forces policières qui déambulaient dans la ville de Québec dans des fourgonnettes blanches non-identifiées, s'arrêtant au passage, ouvrant la portière de côté, d'où sortaient des policiers en civils qui agrippaient les gens et les jetaient sans explication dans les véhicules. Au total, 463 personnes furent arrêtées et de nombreux droits fondamentaux n'ont pas été respectés. Les gens ont été promenés dans des autobus menottés et entassés comme des animaux, pendant 8 heures de temps, avant d'être finalement emmenés à la prison d'Orsainville. À la prison, on a décontaminé les manifestants en les couchant nus par terre, tous ensemble dans une pièce, et on les a arrosé d'eau glacée, pour ensuite les entasser 5 par cellule où il n'y avait que 2 lits, alors que la prison pouvait accueillir 600 manifestants sans problème. Par ailleurs, alors que la loi prévoit le droit de contacter un avocat dans l'heure qui suit l'arrestation, la majorité des arrêtés ont dû attendre de 24 à 48 heures avant d'avoir droit à cet appel, sans compter que plusieurs ont été mis en isolement.

La majorité des arrêtés ont été relâchés après 2 jours, moyennant des cautions variant de 150 à 500$. Mais il fallait trouver des boucs émissaires, pour justifier l'arsenal policier et les 100 millions de dollars dépensés pour la sécurité des 34 chefs d'état. Ainsi, 6 manifestants, dont Jaggi Singh de la CLAC et 5 personnes membres du groupe Germinal, se sont vu refuser leur remise en liberté sous caution. Il est d'autant plus inquiétant qu'il est difficile d'évaluer le nombre de personnes encore emprisonnées, puisque de nouvelles informations viennent de nous parvenir, à l'effet que 4 autres manifestants seraient toujours détenus à Orsainville en plus des 5 membres de Germinal. Par conséquent, il est possible que de nouveaux noms continuent à surgir, augmentant toujours le nombre de prisonniers politiques à Orsainville. Jaggi Singh est resté 17 jours en prison. Il a été enlevé de manière violente par des policiers en civil qui l'ont emmené dans une fourgonnette, et une série de fausses accusations ont été portées contre lui. On a inventé une histoire de toute pièce afin de le faire passer comme ayant été le leader des affrontements contre le périmètre de sécurité. La police l'a accusé de possession d'arme dans un dessein dangereux, arme qui se trouve en réalité être une catapulte destinée a lancer des oursons de peluche (le lancer d'ours en peluche était l'une des actions symboliques des manifestants anti-mondialisation).

Il a aussi été accusé de bris de conditions, de troubler la paix et de participation dans une émeute. Pourtant le seul crime de Jaggi fut de s'adresser à la population avec un mégaphone afin d'expliquer aux citoyens de Québec pourquoi nous manifestions, et d'avoir livré quelques discours politiques. Autre bouc émissaire, le groupe Germinal, qui devait tenter de faire une brèche dans le mur de sécurité. Mur, que le juge de la Cour Supérieure du Québec a qualifié d'ayant "comme effet de restreindre dans une mesure importante deux des libertés fondamentales garanties par l'article 2 de la charte des droits et libertés". Lors de leur arrestation, ils avaient soi-disant en leur possession 4 fumigènes, des simulateurs de grenade ( qui ont pour seule propriété de faire du bruit et de la lumière ), 5 masques à gaz et 5 boucliers : rien ne pouvant causer un danger pour la vie des gens. Bien qu'ils furent connus et infiltrés par les policiers plusieurs mois avant la tenue du Sommet, leur arrestation eût lieu quelques jours seulement avant l'événement. Ceci permettait de justifier l'extraordinaire arsenal des forces de l'ordre.

Alors que le groupe n'avait pour but que la destruction du célèbre "mur de la honte", et n'étaient équipés qu'en ce sens, ils furent présentés au public comme de dangereux terroristes. Les membres du groupe furent accusés de "complot en vue de commettre un méfait pouvant causer un réel danger pour la vie des gens", et "possession d'explosifs dans un but dangereux et vol et recel de matériel militaire". Cinq de ces membres sont toujours en prison, et l'enquête préliminaire de leur procès débutera le 22 mai.

Il ne faut pas oublier que la répression politique qui a été vécue ici est présente partout dans le monde, et elle est beaucoup plus intense et violente dans certains pays. Au Mexique, 2 militants anti-mondialisation sont actuellement en prison. Roberto Espinosa Rocco, a été arrêté devant l'université en décembre 1999, après une manifestation devant l'ambassade des USA, en solidarité avec celle de Seattle. Il fût accusé d'incitation à la révolte, de danger pour la sécurité publique et d'incitation à l'émeute; accusations qui pourraient le maintenir en prison pour plus de 10 ans. Mais la réelle raison de son emprisonnement serait sa participation dans la grève étudiante de la UNAM, contre la privatisation de l'éducation, Erika Zamosa, quant à elle, est incarcérée dans une prison pour hommes depuis 2 ans et toute communication avec l'extérieur lui est interdite. Elle était enseignante en alphabétisation au sein d'une communauté autochtone en résistance dans l'état de Guerrero. Lorsque un jour l'armée est entrée dans le village de Ayutla De Los Libres, où elle enseignait, elle a été kidnappée et accusée d'être une "guerrillera". Elle a été violée et torturée et elle est toujours maintenue dans cette prison masculine de haute sécurité. En solidarité avec toutes les victimes de la répression politique, 2 associations, la C.L.A.C. (Convergence des Luttes Anti-Capitalistes, Montréal) et la C.A.S.A (Comité d'Accueil du Sommet des Amériques, Québec), lancent un appel à trois journées d'actions internationales, du 22 ou 24 Mai. Ces dates marquent le début des enquêtes préliminaires des arrêtés du Sommet des Amériques. Les deux associations appellent à l'action contre "la répression politique au service du capital et de l'Elite mondiale", et exigent l'annulation de toutes les charges et accusations, ainsi que le libération immédiate des membres de Germinal, sans oublier tous les autres prisonniers politiques du monde.
 

contacts:
CLAC:
[email protected], tel: 514-409-2049
CASA:
[email protected]

 

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