22.08.2009
Tout le travail du neurobiologiste Henri Laborit a porté sur l'étude des relations entre l'esprit et le corps, ce qu'on appelle la neuroendocrinologie. Mais l'originalité de Laborit et la raison pour laquelle on a organisé son oubli dans les médias, est qu'il avait étendu ses recherches à l'influence que peut avoir la société sur le système esprit-corps...
Henri Laborit, "Eloge de la fuite"
"Le comportement de fuite sera le seul à permettre de demeurer normal par rapport à soi-même, aussi longtemps que la majorité des hommes qui se considèrent normaux tenteront sans succès de le devenir en cherchant à établir leur dominance, individuelle, de classe, de groupe, de nation, etc.
L'expérimentation montre en effet que la mise en alerte de l'hypophyse et de la corticosurrénale, qui aboutit si elle dure à la pathologie viscérale des maladies dites "psychosomatiques", est le fait des dominés, ou de ceux qui cherchent sans succès à établir leur dominance, ou encore des dominants dont la dominance est contestée et qui tentent de la maintenir. Tous ceux-là seraient alors des anormaux, car il semble peu normal de souffrir d'un ulcère de l'estomac, d'une hypertension artérielle ou d'un de ces syndromes dépressifs si fréquents aujourd'hui.
Or comme la dominance stable et incontestée est rare, heureusement, vous voyez que pour demeurer normal il ne vous reste plus qu'à fuir loin des compétitions hiérarchiques. Attendez-moi, j'arrive!"
Toujours à propos du lien étroit entre l'esprit et le corps, le génial film d'Alain Resnais, "Mon Oncle d'Amérique" alterne habilement l'histoire vécue par les personnages et les interventions d'Henri Laborit qui nous donne des clés essentielles, illustrées par quelques expériences sur les rats...
vidéo supprimée sur YouTube
Quelques autres extraits des livres d'Henri Laborit...
"Dieu ne joue pas aux dés"
"L'angoisse est pour nous fondamentalement liée à l'inhibition de l'action, dont les causes sont multiples, mais dont une des principales est le déficit informationnel."
"De plus, la civilisation industrielle ayant conduit à l'entassement des hommes dans les gigantesques cités modernes, hommes soumis à un travail parcellaire, répétitif et sécrétant l'ennui, l'espace d'improvisation se rétrécissant et les dépendances s'accroissant chaque jour, les seules fuites furent donc la drogue, tranquilisante ou psychotogène, la névrose ou la psychose, le suicide, dont celui des adolescents s'accroit en nombre de façon inquiétante, ou enfin le retour aux mythes répandus par les multiples sectes souvent exploiteuses et cachant leur intérêt économique sous le masque de la spiritualité.
Enfin, une angoisse qui se cramponne au ventre de tout homme (...), l'angoisse de la mort, demeure toujours présente malgré les efforts faits par les sociétés productivistes pour la faire oublier, car elle risque de diminuer la productivité. (...) Les jeux du cirque banalisés, la pseudo-liberté des vacances incrustée dans la vie journalière, les divertissements innombrables, du plus banal au plus sophistiqué, tentent de faire oublier que la mort est au bout de cette vie sans signification -autre que de recevoir un salaire pour subsister, et acquérir non seulement des biens répondant aux besoins fondamentaux, mais aussi ceux répondant aux besoins acquis, ceux que la publicité a fait naitre, aussi exigeants maintenant que les premiers. (...)
Pour certains, la science a pu repousser très loin les limites de l'espace et du temps où l'homme est inclus. Mais pour la plupart, ceux dont la représentation du monde ne va guère plus loin que les murs de leur bureau, de leur entreprise ou de leur HLM, l'espace s'est au contraire prodigieusement rétréci. Ils se sentent cloisonnés, aliénés, déboussolés, ne sachant plus devant leurs manettes ou leur ordinateur où se trouve le nord qu'Ulysse, dans sa recherche de la route de l'étain, savait repérer grace à l'étoile polaire."
"Quand les sociétés fourniront à chaque individu, dès le plus jeune age, puis toute sa vie durant, autant d'informations sur ce qu'il est, sur les mécanismes qui lui permettent de penser, de désirer, de se souvenir, d'être joyeux ou triste, d'être calme ou angoissé, furieux ou débonnaire, sur les mécanismes qui lui permettent en résumé de vivre, de vivre avec les autres, quand elles lui donneront autant d'informations sur cet animal curieux qu'est l'homme qu'elles s'efforcent depuis toujours de lui en donner sur la façon la plus efficace de produire des marchandises, la vie quotidienne de cet individu aura la chance d'être transformée.
Quand il s'apercevra que les choses se contentent d'être et que c'est nous, pour notre intérêt personnel ou celui du groupe auquel nous appartenons, qui leur attribuons une "valeur", sa vie sera transfigurée. Il ne se sentira non plus isolé mais uni à tous à travers le temps et l'espace, semblable et différent, unique et multiple à la fois, (...) passager et éternel, propriétaire de tout sans rien posséder, et cherchant sa propre joie, il en donnera aux autres."
Henri Laborit, "Eloge de la fuite"
"Le comportement de fuite sera le seul à permettre de demeurer normal par rapport à soi-même, aussi longtemps que la majorité des hommes qui se considèrent normaux tenteront sans succès de le devenir en cherchant à établir leur dominance, individuelle, de classe, de groupe, de nation, etc.
L'expérimentation montre en effet que la mise en alerte de l'hypophyse et de la corticosurrénale, qui aboutit si elle dure à la pathologie viscérale des maladies dites "psychosomatiques", est le fait des dominés, ou de ceux qui cherchent sans succès à établir leur dominance, ou encore des dominants dont la dominance est contestée et qui tentent de la maintenir. Tous ceux-là seraient alors des anormaux, car il semble peu normal de souffrir d'un ulcère de l'estomac, d'une hypertension artérielle ou d'un de ces syndromes dépressifs si fréquents aujourd'hui.
Or comme la dominance stable et incontestée est rare, heureusement, vous voyez que pour demeurer normal il ne vous reste plus qu'à fuir loin des compétitions hiérarchiques. Attendez-moi, j'arrive!"
Toujours à propos du lien étroit entre l'esprit et le corps, le génial film d'Alain Resnais, "Mon Oncle d'Amérique" alterne habilement l'histoire vécue par les personnages et les interventions d'Henri Laborit qui nous donne des clés essentielles, illustrées par quelques expériences sur les rats...
vidéo supprimée sur YouTube
Quelques autres extraits des livres d'Henri Laborit...
"Dieu ne joue pas aux dés"
"L'angoisse est pour nous fondamentalement liée à l'inhibition de l'action, dont les causes sont multiples, mais dont une des principales est le déficit informationnel."
"De plus, la civilisation industrielle ayant conduit à l'entassement des hommes dans les gigantesques cités modernes, hommes soumis à un travail parcellaire, répétitif et sécrétant l'ennui, l'espace d'improvisation se rétrécissant et les dépendances s'accroissant chaque jour, les seules fuites furent donc la drogue, tranquilisante ou psychotogène, la névrose ou la psychose, le suicide, dont celui des adolescents s'accroit en nombre de façon inquiétante, ou enfin le retour aux mythes répandus par les multiples sectes souvent exploiteuses et cachant leur intérêt économique sous le masque de la spiritualité.
Enfin, une angoisse qui se cramponne au ventre de tout homme (...), l'angoisse de la mort, demeure toujours présente malgré les efforts faits par les sociétés productivistes pour la faire oublier, car elle risque de diminuer la productivité. (...) Les jeux du cirque banalisés, la pseudo-liberté des vacances incrustée dans la vie journalière, les divertissements innombrables, du plus banal au plus sophistiqué, tentent de faire oublier que la mort est au bout de cette vie sans signification -autre que de recevoir un salaire pour subsister, et acquérir non seulement des biens répondant aux besoins fondamentaux, mais aussi ceux répondant aux besoins acquis, ceux que la publicité a fait naitre, aussi exigeants maintenant que les premiers. (...)
Pour certains, la science a pu repousser très loin les limites de l'espace et du temps où l'homme est inclus. Mais pour la plupart, ceux dont la représentation du monde ne va guère plus loin que les murs de leur bureau, de leur entreprise ou de leur HLM, l'espace s'est au contraire prodigieusement rétréci. Ils se sentent cloisonnés, aliénés, déboussolés, ne sachant plus devant leurs manettes ou leur ordinateur où se trouve le nord qu'Ulysse, dans sa recherche de la route de l'étain, savait repérer grace à l'étoile polaire."
"Quand les sociétés fourniront à chaque individu, dès le plus jeune age, puis toute sa vie durant, autant d'informations sur ce qu'il est, sur les mécanismes qui lui permettent de penser, de désirer, de se souvenir, d'être joyeux ou triste, d'être calme ou angoissé, furieux ou débonnaire, sur les mécanismes qui lui permettent en résumé de vivre, de vivre avec les autres, quand elles lui donneront autant d'informations sur cet animal curieux qu'est l'homme qu'elles s'efforcent depuis toujours de lui en donner sur la façon la plus efficace de produire des marchandises, la vie quotidienne de cet individu aura la chance d'être transformée.
Quand il s'apercevra que les choses se contentent d'être et que c'est nous, pour notre intérêt personnel ou celui du groupe auquel nous appartenons, qui leur attribuons une "valeur", sa vie sera transfigurée. Il ne se sentira non plus isolé mais uni à tous à travers le temps et l'espace, semblable et différent, unique et multiple à la fois, (...) passager et éternel, propriétaire de tout sans rien posséder, et cherchant sa propre joie, il en donnera aux autres."